Les baleines et dauphins européens risquent l’extinction en raison des effets des biphényles polychlorés (PCB).
Les PCB forment une famille de 209 composés aromatiques organochlorés dérivés du biphényle et ont été interdits en Europe, aux États-Unis et beaucoup d’autres pays depuis des décennies. En retrouver dans les mammifères marins peut donc sembler surprenant. Et pourtant ça ne l’est pas tant que cela: ces composés se fixent dans leurs tissus. Les PCB sont toxiques, écotoxiques et reprotoxiques (y compris à faible dose en tant que perturbateurs endocriniens). Très liposolubles, ils font partie des contaminants bioaccumulables fréquemment trouvés dans les tissus gras chez l’humain. PCB, DDT et bien d’autres polluants chimiques étaient largement utilisés dans l’agriculture ou dans les usines et sont désormais bannis en raison de leurs effets nocifs sur la santé humaine et sur l’environnement.
Ces substances ne sont pas devenues gênantes uniquement pour leur toxicité, mais aussi parce qu’elles ont été détournées de leur destination. Certaines mises en décharge ou site d’enfouissement continue d’en lessiver les sols. Ces molécules chimiques ne se dégradent pas facilement et s’accumulent tout au long de la chaîne alimentaire. Ce processus est appelé biomagnification. Cela explique pourquoi un consommateur de plancton, les baleines bleues par exemple, a un taux plus bas de PCB qu’un béluga mangeur de poisson. La localisation géographique et le métabolisme d’un individu peuvent aussi faire la différence. Au cours d’une récente étude, des chercheurs ont remarqué que les femelles éliminent une partie des PCB lors des allaitements, ce que ne peuvent faire les mâles. Au grand dam de leurs petits.
Les polluants organiques résistants, comme on les appels, ne sont pas les seuls à blâmer lorsque l’on parle de produits toxiques. Le mercure provenant des activités humaines, fait également son chemin jusqu’aux baleines et aux dauphins. Le mercure est un puissant neurotoxique et repro toxique sous ses formes organométalliques, de sels et sous sa forme liquide en elle-même. L’empoisonnement au mercure est appelé « hydrargisme ». On le soupçonne également d’être une des causes de la maladie d’Alzheimer, du syndrome de fatigue chronique, de la fibromyalgie et d’autres maladies chroniques. Des contrôles sanitaires sur la chair de baleine en vente au Japon l’année dernière ont révélé un taux de mercure 47,5 fois supérieur au taux considéré comme sûr pour la consommation humaine. Avec un si grand risque d’empoisonnement, on peut se demander pourquoi ces animaux sont toujours chassés et consommés et parfois même servis dans les cantines scolaires.
La plus grande inquiétude reste la survie des baleines. Leur chasse a conduit plusieurs espèces au bord de l’extinction et son interdiction devrait leur permettre de s’en remettre. Mais comme le démontre les différentes études sur le sujet, cela risque d’être difficile si leur nourriture est contaminée par des composés qui mettent en péril jusqu’à leur reproduction.