L’araignée, cette belle inconnue…

araigné

 

 

Les araignées mangent des insectes. C’est pourquoi certains d’entre nous hésitent à les éradiquer de nos logements: nous nous imaginons qu’elles mangeront les bestioles dont nous ne voulons pas autour de nous. Nous n’irons pas jusqu’à dire qu’il faut faire un élevage d’araignées dans sa maison pour se débarrasser des mouches et moustiques mais si vous en avez quelques-unes et qu’elles ne vous gênent pas, laissez les tranquilles! Afin de respecter l’équilibre de la nature, l’araignée à également ses prédateurs. Il y a bien sûr l’homme et ses pesticides … mais aussi les oiseaux, les lézards, des insectes comme la mante religieuse, et même d’autres araignées.

 

Une étude récente révèle que le régime alimentaire des araignées est bien plus vaste que ce que nous avions appris à l’école élémentaire. Insectivore en grande majorité, une seule espèce est connue pour être exclusivement végétarienne: Bagheera kiplingi est une espèce d’araignée sauteuse. Cette espèce vit au Mexique, au Guatemala et au Costa Rica. Elle mesure de 5 à 6 mm et c’est la seule araignée herbivore connue. Plus exactement, cette araignée se nourrit à 90 % des boursouflures de l’extrémité des feuilles d’arbustes d’acacia qui ont développé une symbiose avec des fourmis qui les défendent en échange d’un mélange d’une sorte de nectar sucré et de corps beltiens (sécrétions protéiques et lipidiques) que cet acacia leur fournit dans ses épines creuses. Bagheera kiplingi exploite cette ressource alimentaire en échappant aux fourmis grâce à une agilité, une acuité visuelle et un champ visuel hyper-développés, ainsi que grâce à des capacités cognitives qui semblent supérieures à celles de beaucoup d’autres araignées. Cette araignée est sociale, elle vit en colonies denses où les mâles adultes semblent s’occuper des œufs et des petits, fait inconnu chez les autres espèces d’araignées, qui serait peut-être apparu avec le régime herbivore.

 

Petite différence avec la famille des insectes, elle possède 8 pattes au lieu de 6 et son corps est composé de 2 parties, la tête et l’abdomen, au lieu de 3 pour les insectes (les 1000 pattes faisant bien sûr partie des exceptions). Son nom viendrait de la mythologie grecque : Arachnée, grande tisseuse et brodeuse, provoqua la colère d’Athéna qui la transforma en araignée. Les araignées font partie du groupe des arachnides, qui est une classe d’arthropodes chélicères, terrestres ou aquatiques, souvent insectivores. C’est le groupe qui comprend aussi les scorpions, les tiques et les acariens. Ils se distinguent au sein de l’embranchement des arthropodes par le fait qu’ils possèdent quatre paires de pattes, qu’ils n’ont ni ailes ni antennes, et que leurs yeux sont simples (ocelles) et non composés. La plupart des arachnides sont ovipares et les sexes sont généralement des morphologies distinctes. Le plus ancien arachnide fossile connu appartient à l’ordre des scorpions. Les premiers arthropodes à pinces du sous-ordre des chélicérés sont apparus il y a environ 540 millions d’années, pendant le Cambrien, au tout début de l’ère Paléozoïque. La plupart se sont adaptés à la vie terrestre. Puis, pendant le silurien supérieur (il y a 440 millions d’années), apparaissent les premiers spécimens connus de scorpions et d’araignées fort semblables à ceux que nous pouvons trouver de nos jours.

 

On a recensé environ 80 000 espèces d’arachnides, dont plus de 1500 espèces de scorpions et 50 000 espèces d’araignées, vivant dans tous les biotopes, des régions tropicales aux régions polaires. La plupart des arachnides sont cependant terrestres. Il y a plus de 1 500 espèces d’araignées en France. Les araignées se distinguent notamment par leurs méthodes de chasse. Certaines tissent des toiles et capturent des insectes qui volent ou qui sautent. D’autres chasses en courant, comme les araignées-loup, et capturent des invertébrés qui marchent qui ne volent pas ou peu. Certaines chassent à l’affût sans toile comme les araignées-crabes de nos jardins. D’autres encore – les araignées sauteuses arrivent à sauter si loin et si précisément qu’elles réussissent à capturer des mouches avant que celles-ci ne décollent ! Certaines ont des préférences alimentaires ou des spécialisations, par exemple les cloportes. Quoi qu’il en soit, elles recherchent des animaux vivants, invertébrés surtout, mais aussi vertébrés, comme des souris… capturées par les très grandes araignées qui vivent sous les tropiques.

 

Que les scientifiques passés soient pardonnés d’avoir négligé certains comportements alimentaires, car l’araignée ne peut physiquement consommer aucune matière solide. En fait elle injecte grâce à ses chélicères son venin composé de sucs digestifs, puis se contente d’aspirer les liquides de sa proie. Des chercheurs ont étudié le comportement alimentaire d’araignées juvéniles qui appartiennent à deux espèces: les épeires des bois et les épeires diadèmes sont des araignées relativement communes dans les jardins européens. Elles y tissent des toiles géométriques pour y attendre patiemment l’arrivée de proies, principalement des insectes volants diptères et hyménoptères. De fait, ces arachnides sont majoritairement considérés par le public et les scientifiques comme des prédateurs carnivores. Pour ce faire, ils ont réalisé différentes expériences de nourrissage, puis effectué des mesures d’isotopes stables dans le corps de ces arthropodes. Résultat : leur régime alimentaire se compose à 25 % de pollens qui se sont collés sur leurs toiles, même lorsque de nombreux insectes y sont englués. Cette découverte pose néanmoins question : l’ingestion de ces structures végétales est-elle volontaire ? En fait, ces araignées sont des adeptes du recyclage. Elles mangent leurs anciennes toiles avant d’en tisser de nouvelles. On pourrait donc croire qu’elles ingèrent sans le vouloir les pollens et autres spores de champignons qui se sont collés sur les soies. Il n’en est rien. Selon les chercheurs, ces structures sont tellement grosses qu’elles ne peuvent être ingérées accidentellement. Pour s’en nourrir, elles les recouvrent d’enzymes pour les digérer extra-oralement, avant de les absorber. Étant donné le volume de pollens ingéré volontairement, ces deux espèces doivent dorénavant être considérées comme des omnivores.

 

Et si les araignées devenaient végétariennes? Bien sûr, vous ne verrez jamais une araignée en train de grignoter une feuille de salade dans votre potager. Les araignées ne consomment pas uniquement du pollen tombé au gré du vent sur leur toile. Plusieurs chercheurs néo-zélandais ont montré que les araignées sauteuses de la famille des Salticidae préféraient boire du nectar plutôt que de l’eau et leurs collègues de l’Université d’Hubei en Chine ont ensuite mis en évidence des traces de fructoses dans le corps de 20% des araignées qu’ils ont étudiées. Et ces araignées ne sont pas uniquement des araignées sauteuses, elles appartiennent à huit grandes familles différentes : les Oxyopidae, Thomisidae, Pisauridae, Salticidae, Lycosidae, Tetragnathidae, Araneidae, Nephilidae, et les Agelenidae. Les auteurs notent cependant que la présence de fructose dans le corps des araignées qu’ils ont étudié peut-être due non pas à une consommation directe de nectar par les araignées, mais à l’ingestion du nectar présent dans les insectes capturés. Ils jugent pourtant peu probable ce cas de figure, et s’appuient sur de nombreuses observations d’araignées visitant les fleurs ou sur les nectaires extra-floraux des plantes afin d’étayer l’hypothèse d’une consommation directe du nectar par les araignées. Cette capacité des araignées à tirer des nutriments à partir de composés végétales est certainement la clé de leur survie en période de disette.

 

Les araignées considérées comme dangereuses possèdent un venin potentiellement toxique pour les humains. Le venin est destiné à paralyser et tuer de petites proies, mais aussi à prédigérer les organes internes de la proie, d’où l’apparition de phénomènes nécrotiques lors de certaines morsures. Suivant le venin il peut y avoir des troubles neurovégétatifs, des céphalées, des spasmes musculaires, des paresthésies, des troubles psychiques, des nausées, un érythème et un oedème local, … Dans tous ces cas, il faut immédiatement se rendre à l’hôpital. Il n’y a aucune preuve scientifique pour appuyer le fait qu’une araignée puisse transmettre des maladies infectieuses. Les araignées sont des prédateurs actifs et dépendent fortement de leurs morsures pour paralyser et tuer leur proie avant de les consommer. Elles mordent également pour se défendre contre une menace. Bien que certaines araignées ne mordent pas les animaux plus grands qu’elles, préférant fuir ou simuler la mort, certaines partageraient plutôt un comportement agressif et feront de même si aucune menace réelle n’existe théoriquement. Seule une petite minorité d’espèces d’araignées possède un chélicère assez fort pour pénétrer la peau humaine. La plupart des araignées européennes ne peuvent pas percer l’épiderme humain et elles adoptent en général un comportement de fuite face à l’être humain. En Europe, très peu d’espèces peuvent donc mordre l’homme, et aucune de celles présentes dans les habitations. Parmi les espèces venimeuses européennes se trouve la malmignate, visible notamment dans le sud de la France et en Corse, avec un syndrome essentiellement neurologique. D’autres espèces se rencontrent rarement, du fait de leur habitat, qui est peu parcouru par l’homme. La plupart des araignées européennes ne vivent qu’un an. Selon les espèces, elles effectuent de 5 à 10 mues jusqu’au stade adulte où elles sont aptes à se reproduire.

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