Un syndrome mortel se propage actuellement aux États-Unis. Mais n’en soyez pas ravis. Bien qu’ils soient pour nous d’effrayants prédateurs, les serpents ont un rôle important à jouer dans l’écosystème. Et nous ne souhaitons pas perdre cet équilibre. En 2006, des scientifiques ont constaté des infections de la peau dans l’État du New Hampshire. Peu de temps après ce fut dans l’État de l’Illinois, où des mycoses virulentes furent constatées sur des crotales de l’espèce massasauga. Au cours de la décennie suivante on a retrouvé ces infections dans un nombre grandissant d’états de l’est de l’Amérique, mortelles dans environ 90% des cas. Avec la découverte récente d’un cas en Louisiane sur une couleuvre, le SFD (snake fungal desease) est un syndrome d’origine inconnue observé sur 14 espèces de serpents et dans 16 États américains. La communauté scientifique s’inquiète d’une possible dégradation de la situation.
Depuis un certain nombre d’années déjà, le mycète Ophidiomyces ophiodiicola est présumé coupable d’infections, mais les biologistes ne sont pas certains du lien de causalité: le pathogène est-il la source du mal ou juste l’opportunisme d’un autre mal inconnu? Des expériences en laboratoire tentent d’apporter des réponses: cette infection chronique semble avoir un impact significatif sur la prédation et sur l’équilibre physiologique. Ce mycète partage de nombreuses similitudes avec un autre, Pseudogymnoascus destructans, responsable du syndrome du museau blanc sur les chauves-souris (MSB). Un autre parallèle est établi avec la chytridiomycose, une maladie infectieuse fatale affectant les amphibiens. Même si vous n’appréciez pas vraiment les serpents, vous risquez d’apprécier encore moins leur absence. Les serpents mangent des rongeurs, donc si nous ne souhaitons pas être envahis par des rats et des souris, les serpents nous sont nécessaires. Le syndrome SFD n’est pas la seule menace qui plane: selon une étude réalisée à la demande de la Commission européenne par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), un quart des espèces européennes d’amphibiens – il en existe au total 85 – sont menacées de disparition et plus de la moitié (59 %) sont en déclin. Les reptiles – serpents, lézards et tortues – sont sur la sellette, avec 42 % d’espèces déclinantes. Au final, l’UICN classe 23 % des amphibiens et 21 % des reptiles sur la liste rouge des espèces menacées en Europe.
Il ne fait aucun doute que les serpents ont besoin d’une aide immédiate, si on veut qu’ils survivent. Le souci croissant de sauver et protéger des espèces en voie de disparition doit désormais inclure leur protection. La raréfaction des serpents peut passer inaperçue, car ils mènent une vie cachée. À moins qu’on ne fasse de leur protection une priorité, des centaines d’espèces risquent de s’éteindre dans un proche avenir. La destruction des habitats est la menace la plus grave qui pèse sur eux. Les serpents sont aussi éliminés par peur, et beaucoup sont victimes de la circulation automobile ou du commerce de peaux. Les habitats naturels des serpents ont été ravagés par l’activité de l’homme. Les effets sont particulièrement dévastateurs dans les forêts tropicales de l’Amérique centrale et du sud, et de l’Asie du sud-est, où le défrichage pour l’agriculture implique l’abattage des arbres et le brûlis. La situation est aggravée par l’érosion et les changements climatiques, qui découlent des activités humaines. De nombreuses espèces de ces régions ont déjà été exterminées, en grande partie parce que les serpents ne peuvent s’échapper des habitats menacés aussi facilement que les mammifères ou les oiseaux. Certaines espèces sont tuées par des prédateurs délibérément ou accidentellement introduits par l’homme : chats, chiens, mangoustes ou rats.