La pollution atmosphérique est mauvaise pour nos poumons. Elle l’est sans doute aussi pour notre tour de taille, d’après une étude récente menée sur des rates. La population de la ville de Beijing, capitale de la Chine, subie depuis un certain temps l’une des pires atmosphères du monde. Lors des pics les plus intenses, son air peut contenir dix fois plus de particules polluantes que le taux maximum recommandé par l’organisation mondiale de la santé. Pour réaliser ce travail de recherche, les scientifiques ont fait respirer cet air à des rates. Ces rongeurs prirent du poids et furent en plus mauvaise santé que le groupe témoin qui respirait un air sain.Les résultats suggèrent qu’être exposé à un air malsain peut augmenter sérieusement le risque d’obésité, mais pas seulement.
D’autres travaux antérieurs à cette étude allaient déjà dans ce sens: risque cardiaque, altération du métabolisme, et sans doute bien d’autres risques qui n’ont pas encore été observés. Un air intérieur ou extérieur peut être porteur de particules nocives pour l’organisme comme des suies et particules fines libérées lors de combustions, ou bien encore de particules chimiques libérées par notre mobilier. Quelquefois ces particules sont si nombreuses qu’elles peuvent créer un brouillard si dense (smog par anglicisme) que l’on perd une bonne part de visibilité. Le smog est une brume épaisse, provenant d’un mélange de polluants atmosphériques. Il est le résultat de la condensation de l’eau sur des poussières en suspension et de la présence d’ozone dans la troposphère. La fumée est produite en grande partie par la combustion de combustibles fossiles et est composée de gaz sulfureux en plus de poussières sur lesquelles se condense la vapeur d’eau contenue dans le brouillard. Ces travaux antérieurs avaient mis la puce à l’oreille des chercheurs car un lien de causalité entre trafic et indice de masse corporelle chez de jeunes adultes avait été constaté, ainsi que les effets des émissions des véhicules diesel sur des souris en gestation, cause d’obésité et d’inflammation du cerveau sur la progéniture.
Dans la nouvelle étude, les chercheurs étudièrent la façon dont la pollution de l’air de Beijing pouvait altérer la santé des rates en gestation. Après 19 jours, les rates soumises à cet air malsain étaient plus grosses, et avaient un taux anormalement élevé de cholestérol dans leur sang que les rates du groupe témoin, préservé par des filtres retenant jusqu’à deux tiers des particules. D’autres observations intéressantes sont à noter dans le groupe exposé: des taux d’inflammation importants et une résistance à l’insuline. Des résultats qui mettent en relief les risques de dommages corporels ainsi que le risque de diabète, un sérieux problème de santé publique chez l’homme. Vus dans leur ensemble, ces symptômes indiquent que les rates souffrent d’un syndrome métabolique. Au cours de l’expérience, les rates mirent bas. Leurs petits restèrent avec leur mère et furent en surpoids. Plus longtemps ils restèrent dans cette atmosphère polluée, plus l’inflammation et la résistance à l’insuline fut flagrante.
Même si l’on ne sait pas encore exactement comment la pollution atmosphérique affecte le métabolisme, il est clair qu’elle peut nous rendre nous aussi malades. Certains laboratoires y verront sans doute l’opportunité de créer des médicaments qui nous permettrons d’y résister. À moins que nous ne fassions les efforts nécessaires pour réduire les pollutions d’origine anthropique.