Dans un coin gelé de la Sibérie, bien plus au nord encore que les habitations humaines, se trouve un refuge sauvage où les scientifiques tentent de reconstruire un ancien écosystème qui pourrait aider à ralentir le réchauffement climatique. Ce plan repose sur des animaux résistant au froid qui broutent de long en large la tundra comme le faisaient leurs ancêtres il y a des milliers d’années, un processus qui expose la terre sous-jacente à l’air glacé et la protège donc d’un dégel qui pourrait relâcher de grandes quantités de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Le parc du pléistocène est constitué de Bisons, de boeufs, d’élans, de chevaux et de rennes. Les résultats sont prometteurs. Mais il lui manque l’icône incontournable de l’âge de glace: le mammouth laineux, ce cousin ancestral de l’éléphant qui n’existe plus que dans notre imagination et dans les musées d’histoire naturelle, et que les scientifiques rêvent de ramener à la vie.
Cela semble étrange, et ça l’est à bien des égards. Une série de découvertes ces dernières années ont rendu possible la renaissance du mammouth et bien d’autres espèces éteintes, du moins en théorie. Les équipes tentent de différentes manières de recréer un mammouth, par clonage ou bien par modification génétique, mais restent unies dans l’espoir de sauver des espèces animales. Mais pourquoi diable le mammouth? De tout temps, les animaux gigantesques ont fasciné les hommes autant que les enfants. Ne vous rappelez-vous pas avoir été fasciné par les dinosaures lorsque vous étiez enfants? En fait, c’est la découverte de cadavres de mammouth bien conservés qui a déclenché une rué des chercheurs qui souhaitent comprendre leur mode de vie et les conditions de leur mort, et pourquoi ne pas trouver le matériel génétique qui permettrait de les ressusciter.
Certaines fondations privées se sont faites connaitre, dans le clonage de chiens ou de chevaux, une technique devenue relativement commune aujourd’hui. Celles-ci tentent désormais de repousser les limites de la biotechnologie grâce aux échantillons d’ADN restés intacts dans les cadavres momifiés. Il y a quelques années, on considérait encore cette idée comme irréaliste. Mais le défi a de fortes chances de pouvoir être relevé. Ce qui suscite tant d’enthousiasme dans ce projet, ce sont les perspectives d’application afin de sauver à la fois l’environnement et les espèces en danger d’extinction.
1903 Apparition du mot « clone »
Le botaniste H.J. Webber utilise pour la première fois le mot « clone » pour désigner des plantes reproduites par reproduction asexuée.
1935 Première évocation d’un transfert de noyau Le prix Nobel de physiologie et de médecine Hans Spemann évoque la possibilité de transplanter des noyaux de cellules dans des ovocytes (transfert nucléaire). Il songe à des expériences chez la grenouille.
1939 Parthénogénèse artificielle initiée chez la lapine Les travaux de Pinkus et Shapiro conduisent à lanaissance de trois femelles lapines parparthénogénèse induite après excitation de l’ovule. Il s’agit du premier cas de parthénogénèse chez les mammifères.
1952 Clonage de grenouilles par transfert de noyau de cellules embryonnaires
Les américains Robert Briggs et T.J. Kings réalisent untransfert de noyau de cellules embryonnaires de grenouilles dans un ovocyte énucléé. Le but n’est pas de cloner mais d’étudier les propriétés des cellules. Quelques tétards naissent de cette expérience.
1962 Clonage de grenouilles par transfert de noyau de cellules adultes Le biologiste britannique J.B. Gurdon annonce leclonage d’une grenouille à partir d’une cellule différenciée de l’intestin. Là encore le but est d’étudier les propriétés des cellules. Quelques tétards se développent mais l’expérience est controversée : les cellules étaient-elles vraiment différenciées ? Gurdon reproduira avec succès l’expérience en 1970.
1963 Clonage d’une carpe par transfert de noyau de cellules différenciées
L’embryologiste chinois Tong Dizhou réussit le clonage d’une carpe par transfert de noyaux de cellules différenciées dans des ovocytes préalablement énucléés.
1970 Gurdon reproduit son expérience de clonage d’une grenouille par transfert de noyaux différenciés Suite à la polémique qui a suivi la publication de ses travaux en 1962, J.B. Gurdon reproduit et confirme ses résultats en 1970 en réalisant le clonage de grenouilles par transfert de noyaux de cellules différenciées dans un ovocyte énucléé.
1979 Première tentative de clonage humain L’américain L.B. Shettles tente la première expérience de clonage humain, en greffant des cellules germinalesmâles dans des ovocytes énucléés. Des embryons se seraient développés pendant quelques divisions jusqu’au stade 8 ou 12 cellules.
1981 Tentative de clonage de souris par transfert de noyau de cellules embryonnaires
L’allemand Karl Illmense et l’américain Peter Hope revendiquent la naissance de trois clones de souris obtenus par transfert de noyaux de cellules embryonnaires. Mais une enquête remet en cause ce résultat. En réalité, l’expérience est possible mais à un stade plus précoce que celui des embryons de Illmense et Hope.
1984 Clonage d’un mouton par séparation des cellules d’un embryon L’anglais Steen Willadsen réussit à cloner un mouton par séparation des cellules d’un embryon (scission). L’expérience sera ensuite réalisée sur des bovins, des lapins, des cochons et des singes. Certains commencent à envisager le clonage comme une solution pour les couples éprouvant des difficultés à procréer.
1994 – Quatre veaux clonés par séparation des cellules d’un embryon – Le Docteur Neal de l’université du Wisconsin parvient à cloner quatre veaux à l’aide de la technique mise au point par Willadsen.
– Nouvel essai chez l’homme sur des embryons non viables
– L’américain Robert Stillman clone et cultive 17 embryons humains non viables, jusqu’au stade 32 cellules pour certains, dans l’optique d’augmenter les chances de grossesse par fécondation in vitro.
– Premières lois de bioéthique – Le Parlement français adopte un projet de loi sur labioéthique, qui condamne notamment le clonage reproductif humain.
1996 Naissance de Dolly, la brebis clonée à partir d’une cellule de glande mammaire Ian Wilmut et son équipe du Roslin Institute, en Ecosse, assistent à la naissance de la brebis Dolly, premier mammifère obtenu par transfert de noyau de cellule adulte. Cette technique est la même que celle que Gurdon a utilisé en 1962 pour cloner des grenouilles. Dolly sera euthanasiée en 2003 pour des problèmes pulmonaires (il n’a pas été démontré de lien avec un vieillissement prématuré).
1997 – Naissance de Polly, brebis clonée et transgénique
– Ian Wilmut et son équipe récidivent avec Polly, brebis clonée et transgénique : elle produit dans son lait uneprotéine humaine aux propriétés thérapeutiques.
– Naissance de deux singes rhésus clonés – L’équipe de Don Wolf, dans l’Oregon, réussit à cloner deux singes rhésus, Netti et Ditto, par transfert de noyau de cellule embryonnaire.
1998 – Naissance de Marguerite, première vache française clonée – Marguerite, première vache française clonée, voit le jour dans une ferme de l’INRA. Elle est le résultat d’un clonage par transfert du noyau d’une cellule foetale de muscle.
– Premiers clones de souris
– L’équipe du docteur Yanagimachi de l’université de Hawaï produit 22 souris à partir de cellules du cumulus ovarien de souris adultes.La même équipe produira plus de 50 souris supplémentaires ainsi que trois générations de clones de clones.
1999 Nouvel essai sur l’homme Des chercheurs coréens clonent une cellule somatiquede femme infertile. Ils laissent l’embryon résultant se développer jusqu’au stade 4 cellules.
2000 – Premiers clones de cochons – Les premiers clones de cochon sont obtenus en mars 2000 par transfert de noyau de cellule somatique adulte. Au nombre de 5, Millie, Christa, Alexis, Cassel et Dotcom représentent un espoir pour lesxénogreffes.
– Obtention d’un clone d’un singe par scission d’embryon
– Des scientifiques américains du centre régional de primatologie de l’Oregon ont obtenu un singe rhésuspar clivage en 4 d’un embryon au stade 8 cellules. La femelle ainsi obtenue a été baptisée Tetra.
– Naissance de Starbuck II, premier taureau cloné. – Septembre 2000, des équipes de la faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal et de l’alliance Boviteq inc. sont parvenues à cloner le célèbre taureau reproducteur, Hanoverhill Starbuck, et ce deux ans après sa mort.
2001 – Premiers cochons transgéniques clonés – PLL Therapeutics annonce la naissance des cinq premiers cochons transgéniques clonés en Ecosse. Ils résultent d’un transfert de noyau de cellule somatique adulte.
– Nouvelle tentative chez l’homme
– Nouvelle tentative de clonage humain : Advanced Cell Technology créé un clone qui ne dépasse pas le stade précoce de 6 cellules. La firme insiste sur le caractère thérapeutique de ses recherches.
– Naissance de Copy Cat, premier clone de chat – Au Texas, Max Westhusin et son équipe ont réussi à cloner un chat domestique, CC (pour Carbon copy), par la même technique que celle qui a donné Dolly.
– Clonage de la première espèce en voie d’extinction – Le 8 janvier 2001, naissance dans les laboratoires de Trans Ova Genetics de Noah, un gayal (boeuf sauvage). Il s’agit du premier animal cloné appartenant à une espèce en voie d’extinction.
– Clonage de taureaux – Décembre 2001, le professeur Lawrence Smith, qui a mis au point la méthode de transfert nucléaire notament utilisée pour cloner Dolly et le taureau Starbuck, a mis au point une nouvelle méthode qui conduit à la naissance de trois veaux en décembre 2001.
2002 – Annonce du premier clone humain par la secte des raëliens. – 26 décembre 2002, Miami, la secte des raëliens annonce la naissance du premier bébé cloné, Eve. On attend toujours les preuves…
– Annonce par l’INRA de la naissance de 6 lapereaux par clonage – L’équipe de Jean-Paul Renard de l’INRA annonce la naissance d’une portée de 6 lapereaux obtenue par clonage, une espèce jusqu’alors jugée particulièrement difficile à cloner.
2003 – Projet de révision des lois de bioéthique – Le projet de révision des lois de bioéthique est adopté en première lecture au Sénat en janvier et votée en seconde lecture à l’Assemblée Nationale en décembre.
– Naissance de la génisse Fut, premier animal cloné d’Afrique – Fut (“ réplique ” en zoulou) est une génisse issue du transfert de noyau d’une cellule d’oreille d’une vache produisant 78 litres de lait par jour. Née en Afrique du sud, elle est le premier animal cloné d’Afrique.
– Naissance du poulain Prométhée, premier cheval cloné premier animal cloné porté par sa mère génétique – Prométhée est le premier cheval cloné au monde. Né en Italie, il résulte d’un transfert de noyau de cellule somatique. Pour la première fois, la mère génétique, celle qui a donné un noyau, est également la mère porteuse.
– Naissance de trois mules clonées – Naissance de Idaho Gem, Idaho Star et Utah Pioneer, les trois premières mules clonées. Il s’agit du premier clonage d’un équidé.
– Clonage d’un daim – Naissance du premier daim cloné.
– Premier clonage réussi d’un rat
– Naissance de Ralf, le premier rat cloné fruit du travail lu laboratoire du docteur Renard à l’INRA de Jouy-en-Josas en collaboration avec la société genOway. Ces premiers clones de rats ont pu donner naissance à des descendances normales.
– Mort de la brebis Dolly – Dolly, le premier mammifère cloné, est euthanasié 6 ans après sa naissance souffrant d’une maladie pulmonaire incurable.
2004 – Clonage d’un chat but commercial – Le chat Little Nicky, premier animal cloné dans un but commercial a été vendu à une américaine par la société privée Genetic Savings and Clone pour un montant de 50 000 dollars.
– Annonce du premier clonage supposé de cellules souches humaines
– Février: Le professeur Hwang Woo-Suk de l’Université nationale de Séoul annonce dans la revue Science être parvenu avec son équipe au premier clonage de cellules souches humaines.
– Adoption du projet de loi de bioéthique
– Le sénat vote en seconde lecture la loi sur la bioéthique dite du 6 aout 2004 qui interdit en France le clonage thérapeutique et reproductif mais rend possible les recherches sur les embryons surnuméraires.
2005 – Clonage d’une drosophile – Vett Loyd et Andrew Haig de l’Université Dalhousie à Halifax ont obtenu les premières drosophiles clonées à partir de cellules embryonnaires.
– Annonce du clonage de cellules souches humaines
– Mai 2005, le professeur Hwang récidive dans Science en publiant un article décrivant le premier clonage en série de cellules souches humaines. 11 lignées correspondant à autant de patients. Là encore, comme pour l’annonce de 2004, il s’est avéré que les résultats avaient été falsifiés.
– Clonage d’un chien
– Juin 2005, le très controversé professeur Hwang publie dans le magazine scientifique Nature le clonage de Snuppy, un lévrier. Il s’agit du premier chien cloné. Ces résultats ont été confirmé par des études indépendantes menées notament par le NIH (National Institutes of Health)
2006 – Inculpation du scientifique coréen Hwang Woo-Suk
– Le 12 mai 2006, les autorités sud-coréennes inculpent le professeur Hwang pour « fraude, détournement de fonds et violation des lois sur la bioéthique ».
2007 – Premier clonage d’un primate – L’équipe américaine de Shoukhrat Mitalipov de l’Université de l’Oregon a annoncé avoir réussi le clonage d’un macaque. Aucune naissance n’a pu être obtenue mais les cellules prélevées sur le jeune embryon ont permis d’établir deux lignées de cellules souches et ont confirmé le statut de clone.
2008 – Obtention des premiers blastocystes humains par clonage – À la Jolla, aux Etats-Unis, les sociétés Stemagen corp et le Reproductive Sciences Center ont annoncé avoir produit par clonage des embryons humains au stadeblastocyste à partir de cellules de peau d’adultes.