Lorsque vous êtes enceinte, particulièrement pour la première fois, vous avez beaucoup de décisions à prendre. Est-ce que le café restera dans votre mode de vie? Où allez-vous mettre votre enfant au monde? Quel prénom allez-vous lui donner? Comment allez-vous l’éduquer? Et bien d’autres questionnements, qui peuvent sembler étrange certes, restent à venir. Par exemple: que ferez-vous du cordon ombilical? Pour la plupart des femmes enceintes, le cordon ombilical est la ligne de vie du fœtus qui le relie au placenta. Serpentant à travers les 50 centimètres (environ), le cordon ombilical possède une veine qui transporte l’oxygène et les nutriments en provenance du sang maternel (via le placenta), mais aussi deux artères qui renvoient le sang appauvri par le fœtus vers le placenta. Puisque le sang de la mère et du fœtus ne se mélange pas, le sang que contient le cordon ombilical à la naissance appartient finalement au fœtus. Ce sang placentaire (ou sang de cordon) contient des cellules et des molécules très intéressantes avec un fort potentiel thérapeutique. Cette découverte a, dans certains cas, changé la manière dont est traité le cordon ombilical et le placenta lors de l’accouchement. Plutôt que de jeter cette matière organique qui pourrait sembler être devenue inutile, certains docteurs, scientifiques et parents choisissent de conserver ce sang. Récolté, il est congelé et mis de coté pour plus tard. Les partisans de cette pratique sont convaincus que bien plus que d’être un simple déchet, ce liquide vaux de l’or.
Alors que par le passé le sang de cordon ombilical était jeté, il est désormais connu pour être une source utile de cellules souches de sang. En effet, le sang de cordon est utilisé depuis 1989 pour traiter les enfants atteints de certaines maladies du sang et la recherche progresse quant à son utilisation pour traiter des adultes. Il contient des cellules-souches hématopoïétiques (de sang), des cellules normalement localisées dans la moelle osseuse. Les cellules-souches hématopoïétiques sont capables de produire tous les types de cellules du sang: les globules rouges, les globules blancs et les plaquettes. Ces cellules-souches sont responsables du maintien de la production de cellules de sang durant toute notre vie. Elles sont utilisées depuis des années dans les transplantations de moelle osseuse pour le traitement des maladies du sang. Plusieurs études ont suggéré que le sang de cordon pourrait contenir d’autres types de cellules souches qui pourraient produire des cellules du système nerveux par exemple. Cependant, ces résultats sont très controversés au sein de la communauté scientifique et ne sont pas communément acceptés. C’est en 1974 que l’existence de cellules souches hématopoïétiques dans le sang de cordon ombilical est d’abord décrite. En 1988, à Paris, une équipe multidisciplinaire a effectué la première greffe de sang de cordon ombilical pour traiter un enfant. Âgé de 5 ans, il souffrait d’anémie de Fanconi, et a reçu du sang de cordon ombilical prélevé à la naissance de sa sœur, qui était en bonne santé. Le transfert a fonctionné, et le petit garçon a guéri de la maladie. À cette époque, les chercheurs connaissaient mal les propriétés des cellules contenues dans le sang de cordon. Mais chemin faisant, la lumière se fait jour, petit à petit.
Ce premier cas de transplantation a révélé la flexibilité des cellules-souches hématopoïétiques et son potentiel de guérison. Un potentiel qui rappelle celui des greffes de moelle osseuse. Lorsque la fabrication des cellules sanguines est altérée par un cancer, il est parfois indispensable de pratiquer une greffe de moelle osseuse. Le plus souvent, la greffe se fait à partir d’un donneur volontaire inconnu. Elle accroît sensiblement les chances de guérison. Un individu atteint de leucémie par exemple, traité par chimiothérapie et irradiations, perd des cellules sanguines saines et cancéreuses. Les cellules saines d’un donneur peuvent ensuite prendre leur place. Mais extraire les cellules-souches de la moelle osseuse n’est pas simple. Il existe 2 modes de prélèvement des cellules de la moelle osseuse : le prélèvement dans les os postérieurs du bassin et le prélèvement dans le sang par aphérèse. Et plus important encore, pour fonctionner le don doit provenir d’une personne histocompatible. Les antigènes des leucocytes humains sont des molécules à la surface des cellules qui permettent l’identification par le système immunitaire, abrégé HLA. Les protéines codées par HLA sont des protéines disposées sur la partie extérieure des cellules et sont uniques à l’individu. Le système immunitaire les utilise pour distinguer les cellules du soi de celles du non-soi. Le gros avantage des cellules de provenance ombilicale? Elles sont bien plus flexibles et n’ont pas besoin de respecter autant cette correspondance pour fonctionner. C’est une bonne nouvelle pour les minorités ethniques qui peinent parfois à trouver des donneurs compatibles.
Les chiffres sont difficiles à estimer mais entre 1988 et 2015, on estime globalement à 35 000 le nombre de transplantations de sang de cordon. Ce nombre inclus les personnes traitées pour des leucémies ou d’autres cancers, des troubles sanguins et des maladies immunes. Et le potentiel des cellules-souches ombilicale pourrait s’étendre au-delà de l’usage que l’on en fait aujourd’hui. D’après certains spécialistes, la littérature à ce sujet est une véritable source d’excitation. Le sang placentaire contiendrait d’autres cellules dont les effets thérapeutiques seraient bénéfiques au cerveau dans les cas de paralysie cérébrale, pourraient combattre l’autisme, le diabète, la maladie d’Alzheimer… Beaucoup d’essais cliniques voient le jour, et de nombreux travaux de recherche restent à mener afin de vérifier toutes les spéculations autour du précieux liquide. Des spéculations qui ne vont pas sans susciter les espoirs dans les familles frappées par des maladies ou des syndromes difficilement guérissable aujourd’hui, mais aussi le frottement de mains des grandes multinationales du médicament, et soulèvent toutes sortes de questions éthiques, bien évidemment. Gardons toutefois l’espoir que nous sommes à l’aube de jours meilleurs, ou la voie royale d’une guérison dans votre famille…
Merci pour cet article très intéressant, je me suis permise de le partager sur mon blog. J’ai moi même travaillé durant 12 ans dans un service où nous pratiquions la greffe à base de sang de cordon. Je me suis toute suite sentie concernée par ce post !
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