Au cours de millions d’années l’évolution a fait apparaître et disparaître de nombreuses espèces animales ou végétales. Certaines parait d’éblouissantes couleurs, d’autres se confondant avec leur environnement. Les différentes couleurs ou motifs peuvent servir comme moyen de dissuasion, de camouflage ou bien encore être un avantage dans la reproduction. Les combinaisons jaune/noir et rouge/noir sont dans le règne animal un signal clair: attention! Les espèces qui revêtent ces couleurs, comme la salamandre de feu ou la guêpe par exemple, sont en règle général dangereux ou toxique pour les prédateurs. Lorsqu’un oiseau fait la mauvaise expérience d’être piqué par une guêpe, il s’en souviendra et évitera leur dard! Toutefois il existe aussi des espèces colorées inoffensives. Les mouches par exemple: certaines ressemblent à des guêpes à s’y méprendre et en profite. Les biologistes appellent cela le mimétisme. Certaines espèces se sont tellement perfectionné dans l’art du camouflage au cours de l’évolution, que leur pelage change en fonction des saisons: le renard polaire est blanc en hiver et brun/noir en été. Ainsi peut-il se fondre avec son environnement tout au long de l’année, ce qui facilite la capture de proies et rend plus difficile leur prédation.
Se cacher de la vue des curieux? Ce n’est certainement pas l’intention d’une espèce d’oiseaux découverte par Alfred Russel Wallace et qui compte sans doute parmi les plus extraordinaires sur Terre: l’oiseau de paradis de Papouasie-Nouvelle-Guinée. Les femelles sont plutôt discrètes. Les mâles par contre, sont de véritables exhibitionnistes! Au milieu 19e siècle, la Nouvelle-Guinée et les îles alentour sont encore terra incognita pour les naturalistes. C’est dans ce contexte qu’Alfred Russel Wallace débarque sur les îles Aru, le 8 janvier 1857. Il est alors le premier naturaliste à observer et étudier les oiseaux de paradis dans la nature. 150 ans après, deux naturalistes, Tim Laman et Edwin Scholes, décident de partir sur les traces de Wallace. De 2004 à 2011, le bird-of-paradise projet, c’est 18 expéditions sur 51 sites, dans les coins plus reculés. Pour la première fois, les 39 espèces sont photographiées dans leur milieu naturel! En Nouvelle-Guinée, il n’y a aucun félin pour chasser les oiseaux ; aucun primate pour cueillir les fruits ; aucun écureuil pour ronger les noix ou les graines. Ce contexte a permis à la « sélection sexuelle », concept cher à Darwin, de pouvoir s’exprimer pleinement. Les mâles de paradisiers, avec leur plumage spectaculaire, sont ainsi devenus les champions de la séduction et… un sujet de choix pour les biologistes ! Malgré une augmentation récente de la déforestation, la Nouvelle-Guinée reste un des derniers espaces sauvages de la planète où le visiteur peut encore ressentir l’émotion des premiers naturalistes…
Depuis quelques années, une équipe de chercheurs du laboratoire d’ornithologie de l’université américaine de Cornell étudie les oiseaux de Paradis (ou paradisiers) de Nouvelle-Guinée et tente de percer les mystères de leurs singulières parades nuptiales. Leurs études, menées au sein du « Birds-of-Paradise Projet », ont pour objectif d’apporter de nouvelles connaissances sur ces espèces particulières et de promouvoir leur conservation. Au cours de leurs différentes expéditions, les biologistes ont récolté toute une série de contenus multimédias, désormais disponibles sur internet. Parmi ces contenus, quelques séquences filmées montrent d’impressionnantes et étonnantes parades nuptiales. De manière générale, le groupe des paradisiers rassemble une quarantaine d’espèces différentes d’oiseaux de Paradis. Les deux tiers de ces espèces présentent un dimorphisme sexuel marqué. Ce terme technique désigne l’ensemble des différences morphologiques entre un individu mâle et femelle. Aussi les mâles, contrairement aux femelles, sont généralement dotés d’un magnifique panel de plumes aux couleurs chatoyantes. Durant la période nuptiale, les mâles ayant atteint l’âge adulte se lancent dans des parades uniques, particulièrement complexes, mêlant des chants, des danses et bien sur, une exposition de leur plumage coloré. Ces rituels varient selon les espèces et nécessitent une totale maîtrise des moindres détails pour convaincre les femelles. Des oiseaux encore méconnus Néanmoins, il reste encore beaucoup à découvrir sur les paradisiers et ces oiseaux insolites n’ont pas fini de surprendre les chercheurs. Réputés pour être les plus spectaculaires du monde animal, ils évoluent actuellement dans des aires restreintes regroupant les forêts denses de Nouvelle-Guinée et quelques îles australiennes. Très proches du groupe des Corvidés, rassemblant notamment les corbeaux, les corneilles et les pies, les paradisiers ont évolué dans un environnement marqué par l’absence de prédateurs et l’abondance de nourriture. Aussi, leur comportement est marqué par des techniques de séduction particulièrement développées au dépend des stratégies de défenses contre les dangers.